Numéro 49/ Sommaire

 

Le PONT MIRABEAU

 

 

Sous le pont Mirabeau coule la Seine,

Et nos amours

Faut- il qu'il m'en souvienne

La joie venait toujours après la peine

 

Vienne la nuit sonne l' heure

Les jours s'en vont, je demeure

 

Les mains dans les mains, restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse

 

Vienne la nuit sonne l' heure

Les jours s'en vont, je demeure

 

L' amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l' Espérance est violente

 

Vienne la nuit sonne l' heure

Les jours s'en vont, je demeure

 

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

 

Vienne la nuit sonne l' heure

Les jours s'en vont, je demeure

 

Guillaume APOLLINAIRE (1880 - 1918)